En 16 ans d'incandescence (83-99), 8 albums et plus de 700 concerts, les Thugs ont été de ceux qui offrirent ses lettres de noblesse au rock français, traversant avec superbe tous les courants des 80's et 90's, gardant toujours une identité farouche et ce son si distinctif, aux croisées du garage-punk, du hardcore, du grunge et de l'émopop (avec quelques doses homéopathiques de new-wave, punkabilly, psyché ou pop selon les époques...). "Bombe atomique en pleine poire", "747 au décollage", "Hourra rock'n'roll", "maëlstrom sonique", "chorégraphie du tumulte", la griffe Thugs, alliage subtil sous une apparence primitive voire brutale, superposant rythmiques hypnotiques, courses sonores effrénées, murs de grattes, chant fragile et choeurs entêtants, a marqué durablement les esprits avec une méchante série de standards, compacts, efficaces et mélodiques. Parmi les victimes, Jello Biafra, Jonathan Poneman (label-manager de Sub Pop), John Peel (pour lequel ils enregistrèrent une session) ou Steve Albini...
Longtemps considéré à l'étranger comme le seul véritable groupe français de rock'n'roll de niveau international, encensé sur le tard, mais pas en demi-mesure, par les media (le dossier de presse égrène tout ce qui compte en presse rock, française comme mondiale), le groupe demeure une référence question éthique (réputation humaine exemplaire, intégrité sans faille), refusant toute frime (des prototypes du non-look absolu...) et s'impliquant dans les causes du moment. L'histoire des Thugs est intimement mêlée à la scène underground française des 80's, aux zines, radios libres, petites assos sans le sou et salles de concert improbables, labels indépendants et alternos (ils ont travaillé entre autres avec Vinyl Solution, Gougnaf Mouvement, Closer, Bondage, Roadrunner, Alternative Tentacles, Sub Pop...).
Messages : 3290 Date d'inscription : 08/07/2010 Age : 42
Sujet: Re: Les Thugs (France) Sam 29 Jan 2011 - 19:58
J'avais longtemps pensé à faire une chronique sur ce groupe, l'un des rares groupes français que j'aime vraiment, mais au vu de ta bio, j'aurais jamais fais aussi bien... Bon que dire sur les Thugs... a peu près ce que tu as dis, juste un super groupe. Phare exemplaire de ce que le rock français devrait être...
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Sujet: Re: Les Thugs (France) Mar 1 Fév 2011 - 23:03
De vieux potes sont venus chez moi, en tant que quinquagenaire encore ado dans leur tete, on s'est explosé la tronche à coup de sky, beer et musique...
mes amis sont vachement impregne du rock avec un grand R et ne connaissaient pas les Thugs, leur 1ere reaction a ete t1 c'est bon!!! mais j'te crois pas qu'ils sont français...et pourtant 2eme reaction: c'est du rock pour connaisseur... 3eme reaction, le titre qui revient: celui çi, bon j'ai que la version concert..
Alex rang 1
Messages : 10448 Date d'inscription : 28/01/2011 Age : 36 Localisation : Colmar, Alsace
Sujet: Re: Les Thugs (France) Mar 1 Fév 2011 - 23:08
C'est pas mal du tout, mieux que 90% du "Rock" français en tout cas. Ca sonne bien garage quand même, non ? En tout cas j'essayerai d'approfondir un peu, à l'occasion.
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Sujet: Re: Les Thugs (France) Mar 1 Fév 2011 - 23:23
Pas evident à les definir les français, la critique de Nineteen Something:
Enregistré par Kurt Bloch, celui là même qui s'est trouvé à deux reprises derrière les platines des Mudhoney, entre autres, Nineteen Something est sombrement grunge. Un grunge francais qui a la classe, ou des guitares grinçantes, grattantes, électrisantes se déversent a l'infini sur la bande, en une ligne droite semblable à celle de l'horizon ; ce point que semblent fixer les Thugs ; toujours plus loin. En brulot puissant et acharne, Strike avait tout ravagé sur son passage, Nineteen Something remet le couvert, mais pousse plus avant. Les colères sont réminiscentes, mais moins adolescentes, plus matures. Le groupe a vieilli dans le bon sens. Dès les premiers accords, la mélancolie s'agrippe à nous, s'inocule dans nos veines tel un mauvais virus. La musique des Thugs est bien virale, nous vidant de toutes nos émotions, nous laissant KO, sur le carreau. "Side By Side" laisse a Kurt Bloch la possibilité de s'exprimer avec son orgue. L'ambiance devient alors incroyable, presque surréaliste, nous plongeant dans une profondeur que les Thugs ne semblait pas avoir exploitée auparavant. Echelon après échelon, le groupe poursuit sa route vers la perfection. "Les Lendemains Qui Chantent" est un manifeste du desespoir. "Il n'y a Que La Mort Qui Tienne Promesse". Paroles d'un négativisme qui rappelle celui de Nirvana et cette désormais célèbre phrase "I'm The Worst On What I Do The Best". On s'englue dans les marécages de la plus infâme dépression. Mais "Never Work Anymore" est tellement énergétique comparée à sa précédente, qu'elle nous soustrait à cette boue collante en nous tirant par la tête, restée par chance encore à découvert. Le riff est couillu et les petits phrases chers aux Thugs brôdent des mélodies qui donnent envie d'y croire encore, jetant à toute volée notre malaise aux oubliettes. "Take Me Away" renoue avec le chant laissé un peu en friche lors de l'album précédent. Ce chant briton conservant son identité française de par l'accent. Les choeurs sont très présents et élargissent l'amplitude de la musique considérablement. Cet album est en continuelle balance entre des chansons à la dynamique foudroyante, et des morceaux plus ambiants où la tristesse suinte au travers des murs de sons. C'est cela les Thugs, des descentes malheureuses dans les tréfonds de notre être, des réveils en sursaut où l'apitoiement n'a plus sa place. On est loin du rock garage d'antan, le renouveau est parfait. Le groupe a probablement sorti cette année-là son plus bel ouvrage en débalant ses tripes à même la table, nous emportant dans ses chutes et ses colères.
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Sujet: Re: Les Thugs (France)
Les Thugs (France)
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