Le jour J est enfin arrivé. Si initialement je devais partir de chez moi vers 17h, le désir de revoir un ami que j'apprécie et que je n'avais pas vu depuis au moins 6 mois m'a motivé pour me rendre au Palais Omnisports de Paris-Bercy pour 14h30.
Ce soir c'est le grand soir : la légende vivante Black Sabbath en concert unique à Paris. Et c'est donc dans le froid qu'attendent les fans du combo le plus culte du Heavy Metal. Après avoir longuement discuté du gig de Skid Row auquel je n'ai pas eu la chance d"assister ainsi que de divers skeuds plus marquant les uns que les autres tels l’éponyme de L.A Guns et sa célèbre "Sex Action", le premier Badlands et le fait que son chanteur (RIP) aurait dû enregistré "The Eternal Idol" de Black Sabb ou encore du tendancieux mais incroyablement bon "Dictator - A Monument of Glory" d'Ad Hominem, nous pouvons enfin rentrer dans cette immense salle qu'est Bercy aux alentours de 18h30.
Mon ami voulant absolument être prêt des légendes se jettera sur les premières places (second rang, au centre d'après ses dires) mais pour ma part, je prends mon temps : boisson/sandwich achetés au Bar puis je me pose au niveau de l'ingé son, tranquillement contre une barrière en regardant doucement mais surement un Bercy (bien rempli mais pas complet, le prix y étant sûrement pour beaucoup) être envahi par une horde de personnes bien différentes les unes des autres : des Metalleux aux patchs ravissants en passant par le Hard Rockeur quadragénaire ou quinquagénaire qui vient plus par nostalgie ou encore les filles de bonnes familles qui viennent seulement pour entendre "Iron Man" car elles l'ont découvert dans le générique de fin du long métrage Marvel. Bref, un parterre éclectique comme on fait plus.
C'est après avoir discuté avec un monsieur bien sympathique (qui a d'ailleurs raté le groupe Death à l'époque, si tu te reconnais, sache que j'en suis désolé pour toi
) et qu'un ami m'ait rejoint que le premier groupe de la soirée commence son show à 20h tout rond, heure à laquelle le show devait commencer : Bercy à l'heure ? Une première.
C'est donc les British de Uncle Acid and the Deadbeats qui ouvrent les hostilités avec leur Stoner Doom des plus percutants. Je ne connais réellement que leur 3ème album ("Mind Control" sorti en 2013 chez Rise Above Records) qui est superbe de bout en bout et j'attendais beaucoup de ce groupe même si je pensais que Bercy pour un groupe si jeune, c'est un pari risqué. Erreur de ma part puisque au delà du fait que le son était bon (je dis bravo l'ingé son car franchement, à Bercy, c'est pas gagné), le groupe parviendra sans aucun problème à me convaincre dès la première chanson, à savoir "Mt.Abraxas". Une basse étouffante qui démonte littéralement nos corps en live et une rythmique extraordinaire avec, en prime, un chant (un peu sous-mixé il est vrai) tout bonnement génial bref le groupe convainc l'assemblée sans grandes difficultés (chose rare car peu de monde connaissait à vue d'oeil !). Le groupe jouera 7 chansons et j'avoue ne pas tout connaitre hormis la première et le brûlot "Mind Crawler" tout simplement jouissif, autant en live qu'en CD. On apprendra par la suite que le groupe jouera à la Maroquinerie en avril le même jour que Napalm Death au Divan du Monde...Encore un choix difficile à faire !
Après avoir vanté les mérites de ce groupe à qui voulait l'entendre (et donc après 20 minutes de pause), les lumières s'éteignent. Enfin ! La légende arrive, le mythique et indémodable Black Sabbath. Sur scène, une sorte de mur avec un écran intégré dedans (très joli soit dit en passant) et le petit diablotin de chaque côté du mur. Sobre mais efficace !
Histoire de mettre tout le monde d'accord dès les premières notes, c'est "War Pigs" qui débarque. Premier constat : le son est
PARFAIT. Incroyable mais vrai, un Bercy au son niquel c'est possible. Tous les instruments sont parfaitement bien mixés, autant dire que la soirée commence plutôt bien. Et le meilleur dans tout ça, c'est Ozzy. Pas qu'il chante aussi bien que dans les années 70 (il ne faut pas rêver) mais sa voix est vraiment bonne. Je n'en reviens même pas d'écrire ça mais c'est pourtant vraie et c'est un constat qui s'avère être général. Peut-être le plaisir de rejouer avec ses vieux frères d'armes qui lui a donné la pêche. Allez savoir. Bref, après un "War Pigs" du tonnerre, c'est "Into the Void", autre grand titre du Sabbath qui arrive, au grand plaisir de mon ami qui considère "Master of Reality" comme LE chef d'oeuvre de Sabbath et à mon grand plaisir également car cette chanson est tellement bien interprété qu'on se croirait revenu en 1971. S’enchaîna assez rapidement "Under The Sun" et "Snowblind" que j'apprécie particulièrement (surtout ce dernier il est vrai) puis vint un titre du nouvel album.
Et là, quand Ozzy annonce ce titre, on se dit une chose : est-ce que ces titres valent le coup comparés aux monstres que sont War Pigs et autre classiques du groupe ? Pour avoir la réponse, il fallait être à Bercy en ce 2 décembre 2013 car oui, ils valent le coup. Beaucoup ont critiqué cet album, sans même l'avoir écouté par ailleurs, en nous disant "c'est un retour pathétique, c'est exactement la même chose qu'avant..." sauf que c'est ce qu'on voulait ! Et la preuve en est avec ce "Age or Reason" tout droit sorti de "13" qui pourrait quasiment passé pour un titre sorti de "Master of Reality" ! Ce riff destructeur mit tout le monde d'accord (et petite anecdote sympathique, il se trouve que dans le métro après le concert, tout le monde disait que les chansons du nouvel album sont des tueries et qu'ils écouteront cet opus en rentrant chez eux), à mon plus grand bonheur : Black Sabbath sait encore écrire des titres monstrueux.
Puis le groupe piocha dans ce que je qualifierai comme leur meilleur album jamais sorti, à savoir le premier album "Black Sabbath". Et c'est d'ailleurs cette chanson qui arriva par la suite, cette chanson qui au delà du Heavy pur et dur à donné vie à un autre genre : le Doom. "Black Sabbath", tuerie de A à Z m'a donné des frissons (ce n'est pas une expression, j'ai eu vraiment des frissons...) tant Ozzy était convaincant sur ce titre avec son célèbre "Oh nooooo". Et histoire de nous achever, c'est "Behind the Wall of Sleep" qui déboule juste après, un des meilleurs titres du combo tout simplement.
Geezer Butler, que j'avais déjà vu sur scène au Hellfest 2012 avec "Ozzy & Friends" (gros souvenir pour ma part) se charge de nous balancer un petit solo bien sympathique tant son jeu est classe et raffiné. Et il fallait s'y attendre, c'est "N.I.B" qui débarque, chanson culte de chez culte qui voit un public en furie chanter sur ce titre. "End of the Beginning" arriva ensuite (autre chanson du dernier album) et même si ce n'est pas ma préféré (un "Loner" aurait peut-être été mieux), son charme en live est incroyable. S'enchaina ensuite "Fairies Wear Boots" avec un Iommi en forme (pendant tout le concert, toujours calme mais une présence juste incroyable, du jamais vu !) qui fera vibrer sa guitare comme lui seul sait le faire puis un "Rat Salad" suivi d'un solo du batteur de la tournée, à savoir Tommy Clufetos (qui jouait avec Ozzy mais à collaboré avec Rob Zombie ou Alice Cooper) qui en a dans le pantalon : solo de 5 minutes, carré au possible mais superbement entraînant. Bref, un grand batteur !
L’enchaînement incroyable de la pépite "Iron Man" issu de "Paranoid" et son riff destructeur ainsi que de "God is Dead?" du dernier opus était vraiment un bon choix. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que "God is Dead?", dans sa composition, rappelle énormément le premier opus de Sabbath. Le concert s'acheva sur "Dirty Women", pas le titre le plus marquant mais en live, ça envoie et les filles dénudées sur les écrans sont bien sympathiques à regarder puis "Children of the Grave" toujours aussi magnifique.
Un petit rappel néanmoins puisqu'il manque l'une des chansons les plus cultes de l'histoire de Heavy, à savoir "Paranoid" qui sera introduit par le riff de..."Sabbath Bloody Sabbath" (il est étonnant de voir que cet album n'était pas du tout représenté dans la set-list !). Un pur moment de bonheur et de folie.
Concert terminé, 2h de show avec un jeu de lumière de très bonne facture et un son parfait du début à la fin. Black Sabbath vient de balayer en un seul concert toutes les critiques et tous les doutes que l'on pouvait voir un peu partout concernant leur reformation et, bien sur, leur dernier album. Pourtant, c'est avec pur objectivité et avec un recul nécessaire que je vais dire la chose suivante : j'ai fais énormément de concerts pour mon âge, de styles et genres bien différents mais il faut le dire, Black Sabbath à Bercy en 2013 était le meilleur concert que je n'ai jamais fait.
Merci à eux !