Ce matin en allant pisser un moucheron s'est échappé de mes couilles ; je crois qu'il a passé la nuit là, dans mes poils, bien au chaud.
Bonjour à tous,
Il n'y a pas énormément d'activité à recenser pour ces quinze derniers jours. La vie réelle, quotidienne je veux dire, a nettement pris le pas sur le travail.
J'ai lu, pour la deuxième fois en dix ans, un bouquin de Philip Roth. C'est beau, c'est ennuyeux, c'est très intelligent, ça suscite des interrogations profondes et un émerveillement pour cette écriture à la fois simple et travaillée, et une fois que c'est terminé on lorgne sur Jim Thompson comme quelqu'un qui a été marié pendant quinze ans, vient de divorcer, sort dans la rue et découvre que les jeans sont moulants et les culs très jolis.
J'ai beaucoup pris le train. Comme d'habitude, il en a résulté une flopée de réflexions sur les manuscrits en cours (Une demi-vie, notamment, devrait prendre de sévères beignes lorsque ce sera son tour que je m'occupe de lui – pour l'instant, je suis surtout sur Descente mais l'envie revient de m'occuper de Rien à foutre ; les autres sont tapis dans un coin de ma tête et mûrissent tranquillement) et un bon tas de poèmes. D'ailleurs, ce constat m'a donné envie d'appeler ce recueil Poésie ferroviaire, ou bien Poèmes ferroviaires, ou encore Poème des trains qui partent et qui arrivent. J'aime bien le premier, qui rappelle Poésie portable, mais malheureusement ne veut pas dire grand chose, le deuxième a une construction moins bancale mais le rythme c'est pas trop ça, et le troisième me plaît bien, en ce moment je crois que j'aime bien les titres longs (la nouvelle que j'ai donnée à Jean-François Dalle pour le prochain numéro de la Revue Métèque s'appelle A mon enterrement je veux qu'il fasse beau – ça doit être le titre le plus long de toute a carrière), mon son petit côté Catherine Pancol me gène...
Bref, une vingtaine de nouveaux poèmes dans mon téléphone, que je vais devoir mettre au propre ces jours-ci – oui, c'est pour ça que mon premier recueil, chez Gros Textes, s'appelle Poésie portable, parce que j'en ai noté la moitié dans mon téléphone, je ne suis pas le genre d'écrivain qui se promène les poches bourrées de moleskine et de Mont-blanc, et en attendant, en voici un dizaine :
45
Ya des copains qui te traitent de con
Etça te renvoie vingt-cinq ans derrière
L'époqueoù pour toi le seul moyen de dire
Ates amis combien tu les aimais
C'étaitpiquer leur bouquin de Français
Écriredes conneries dedans
46
Serrerles dents
Vomir
Quand même
47
Ce qui fait qu'on tombe amoureuxc'est pas la beauté, pas l'intelligence, pas le charme ou le sexe,pas du tout, c'est pas ça, ce qui fait qu'un livre est bon c'est pasle style, pas l'histoire, pas les personnage ou quoi que se soitd'autre, non, la seule chose qui nous attire en l'autre c'est la vie,un livre plaît s'il est vivant, un être humain, on l'aime s'il estvivant, et tous ces cons qui recherchent chez l'autre la beauté, oula jeunesse, ou la maturité, ou l'intelligence, ou la capacité àbaiser trois heures sans débander, ou la capacité à sucer la queueet avaler le sperme, mais c'est pas ça, non, c'est pas ça du tout,nous sommes des vampires, ce qui chez l'autre attire c'est la vie,nous sommes des vampires, la vie nous éblouit, la vie nous rendheureux, la vie, c'est de la vie dont nous sommes amoureux, cetteétincelle pas croyable qu'ils ne sont pas nombreux à posséder,cette étincelle qui ne dépend d'aucune qualité, d'aucune autrequalité, ce pouvoir intrinsèque, ce trésor fabuleux, et malheur àcelui dont la flamme est éteinte.
48
Et il y a bien pire que lespunks de trente ans, pire que les punks à chiens ;
Oui il y a bien pire que lespunks de trente ans, c'est les punks de quarante ;
Les punks de quarante ans, lespunks à CDI, à Plan Épargne Logement ;
Oui il y a bien pire que tousles punks à chiens, c'est les punks à poussettes, pire que lespunks à chien, c'est les punks à enfants.
49
Il y a des séparations qui sontcomme des arbres foudroyés, comme des maisons qui flambent et dontle toit s'effondre et tue les habitants, il y a des séparationspleines de fracas, il y a des séparations qui sont comme descatastrophes, et il y a des séparations qui sont comme une dent uséedont la racine, invisible dans la gencive, s'érode, s'érode, commeune dent usée qui bouge, se détache progressivement, finit par netenir qu'à un bout de racine, qui un jour se détache sans qu'onpuisse bien savoir pourquoi c'est aujourd'hui et pourquoi pas hier,et pourquoi pas demain.
50
Sur France-Inter ils croient
Les bienheureux connards
Que l'argot des ados
Verlan, mots inventés
Ça leur sert à parler
Sans que les parents pigent
Ce serait supposer
Espèces d'hypocrites
Que les adultes écoutent
Ce que disent les jeunes
51
Moi en ce moment ce quim'intéresse au cinéma, dans les films de Bonitzer par exemple, oubien ceux avec Luchini, c'est de voir les actrices interpréter descruches, des potiches, des jolies gourdes, à la télé ce quim'intéresse, en ce moment, c'est de voir des pubs sexistes avec deséduisantes actrices, ça me fascine, je pourrais passer des heuresà regarder ça, je pourrais y passer des heures, à voir ça, à medemander à quoi pensent ces actrices quand elles jouent des connes,quand elles jouent des personnages qui sont tellement, tellement desfantasmes de vieux bourgeois de cinquante ans, à quoi pensent cesactrices quand elles incarnent les fantasmes de jeune femme charmanteet conne, discrète, soumise, cultivée, que les réalisateurs mâlesde cinquante ans mettent en scène sans vergogne, sans aucun sens duridicule, à quoi pensent ces femmes qui se prêtent à ce jeu, c'estça qui me fascine.
52
Ça c'est passé en cinq temps
Un
Nous avons oublié que nosenfants nous étaient en tous points supérieurs
Deux
Ils nous étaient soumis et nousles dominions
Trois
Mais nous avons voulu rétablirl'équilibre
Quatre
Nous avons découvert leursupériorité
D'abord avec surprise
Et puis ravissement
Maintenant nous flippons
Cinq
Oui nous avons peur d'eux
53
On est dans une civilisation quiméprise et craint l'adolescence. C'est significatif, je trouve. LesGrecs en train de crever méprisaient les Barbares. Les adultesdévorés par le cancer –et je parle pas de métastase qui grouille à travers la viande maisde cancer métaphysique, de cancer de l'âme –les adultes, qui érigent la rationalité, le compromis, la mesure,la tempérance en valeurs, tous ces synonymes de la mesquinerie,toutes ces nuances de la veulerie, raillent l'intransigeance, lanaïveté, l'enthousiasme des adolescents. Qu'importe. Les Grecs ontterminé dans les livres d'Histoire et les Barbares ont prospéré.Ce qui meurt méprise ce qui vit, c'est un mouvement naturel, tandisque ce qui vit ignore purement et simplement ce qui meurt, ce qui vitassassine ce qui meurt en toute impunité et en toute inconscience.
54
Les bourgeois blancs hétérosont fantasmé un monde ou les hommes n'auraient pas le devoir d'êtrebeaux mais riches à la place, ni d'être intelligents mais d'êtreéduqués, pas besoin d'être en vie, il y a l'art pour ça ;les bourgeois blancs hétéros ont fantasmé un monde où ilsseraient bourgeois et où ça suffirait, ils ont rêvé d'un monde oùdes filles très belles et très intelligentes se soumettraient àeux et nommeraient ça l'amour.
Ils l'ont construit ce monde.Oui, ils l'ont fabriqué. Vous ne sentez pas, dans les rues, dans lesbeaux quartiers des grandes villes, cette odeur de malaise ?
55
Faire les choses avec ténacité
Faire les choses avec compétence
Faire la preuve de son talent
Faire les choses bien
Faire en sorte d'être un bonartisan
Contempler son travail
Contempler ses progrès
Et être fier de soi
***
Faire les choses avec ténacité
Faire les choses avec compétence
Faire la preuve de quelque chosemais sans trop savoir quoi
Faire les choses tantôt bien,tantôt mal
Savoir ce qu'il faut faire, cequ'il ne faut pas faire
Savoir ce qu'on attend de soi etne jamais le faire, devenir écrivain
Contempler son travail
Contempler son échec
Se demander pourquoi ça ne veutpas marcher, refuser de voir la réponse alors qu'elle s'étale plusgrosse que l'échec
***
Ne pas jouer le jeu
S'étonner de ne pas le gagner
Se croire intelligent
56
Le délabrement
Est si progressif
Si lent
Qu'on ne le sent pas
Venir
La souffrance
Remplit
Par si petites touches
Jour après jour
Qu'on ne la sent pas
Venir
Et un beau jour
On est une ruine
Et un beau jour
On en est rempli
De cette douleur
Un beau jour
Ce corps
Ne marche plus
Du tout
Mais on n'a rien vu
Arriver
C'était si lent
Si progressif
On n'a rien vu
Venir
Et on ne souffre
Pas tant que ça
C'est exactement
Comme si on se noyait
En s'éloignant
Du bord
En pente
Si douce
Que pour avoir de l'eau
Jusqu'aux hanches
Il faut marcher
Deux bornes
Tant que j'y suis à mettre des textes, voici la nouvelle qui sera dans la Revue Métèque, que j'ai relue hier soir et que j'aime bien, finalement. Je suis content d'avoir réussi un truc sans pétage de plomb ni cadavre, je pensais pas y arriver sans devenir aussi chiant qu'un écrivain français ; vous me direz si j'ai perdu la niaque ou pas.
A MON ENTERREMENT JE VEUX QU'IL FASSE BEAU
— Tiens,c'est marrant, tu t'en rappelles, de ça ?
Jetenais à la main un cendrier en céramique bleue, avec écrit dessusl'hôtel où nous avions dormi pendant nos vacances en Espagne, jevenais juste de le retrouver au fond du tiroir. J'ai souri. Elle l'aregardé sans expression mais au bout d'un moment, comme j'avaistoujours mon sourire accroché à la figure, elle a souri aussi.
— Tute souviens ? Tu l'avais piqué à la réception.
Jebrandissais toujours l'objet, surjouant quelque chose mais sans biensavoir quoi.
— C'estmarrant, elle a dit, j'avais oublié qu'on l'avait encore, ce truc.Tu l'as trouvé où ? Dans le tiroir ?
— Oui,dans le tiroir. Au fond.
Jene souriais plus. C'était à cause du mot « tiroir ». Etpuis j'ai regardé la valise et remis le cendrier où je l'avaistrouvé, plus certain de grand-chose. J'ai enfilé mes chaussures etune veste, je me suis dirigé vers la porte, je n'ai rien dit.
— Tusors ?
— Cinqminutes, prendre un peu l'air.
J'airefermé sans bruit la porte derrière moi et descendu l'escalier.Dans la rue la lumière jaune et chaude était magnifique, le cielbleu sombre, nettoyé par l'orage, tout qui brillait d'humidité,c'est comme ça que j'aurais voulu que ce soit à mon enterrement.
J'aidéambulé et jeté un œil aux gens et à mon ombre qui parfoiss'étirait comme un Giacometti. A une terrasse j'ai commandé undemi, eu droit en plus à une coupelle de chips, toutes les tablesétaient occupées et tout le monde parlait fort en profitant dusoleil, j'ai savouré tout ça un moment, ça faisait du bien. Je neregardais rien en particulier et j'écoutais sans y faire attentiondes bouts de conversations et peut-être que ça me donnait l'aird'un type en train de réfléchir à des choses importantes maisc'était tout le contraire, j'étais vide de toute pensée, de toutephrase même, il ne me restait plus qu'une poignée de mot,« tiroir », « valise », qui me rendaienttriste, j'essayais de les éviter, et mes émotions étaient réduitesà rien, des petits bouts de peau se détachant tout seuls.
Quandje suis revenu à l'appart il faisait nuit, j'étais bourré et ellen'était plus là, la valise non plus. Le tiroir était refermé avecsans doute le cendrier dedans. Au lieu d'aller vérifier je suisdescendu à l'épicerie m'acheter une bouteille de vodka et unebrique de jus d'orange. C'est à mon retour que j'ai vu la lettre.Elle était posée sur la table, trois feuilles couvertes de sonécriture, je l'ai froissée sans la lire et jetée à la poubelle.
Jeme suis réveillé dans le canapé, il faisait jour depuis longtemps,la lumière plus belle encore que la veille, cendrée, d'une douceurhumide de printemps anglais, le ciel bleu tendre. J'ai regardé unmoment s'effilocher quelques nuages et puis je suis allé à lacuisine récupérer la lettre. Elle avait des tâches de gras et desauce tomate. Je l'ai lue.
Ensuitej'ai essayé d'avancer un peu dans mon travail mais ça ne donnaitrien de bon, alors j'ai fait le ménage et une fois le ménage finije suis retourné dans le canapé et j'ai somnolé devant la téléen m'efforçant de ne penser à rien, ce qui s'est avéré bien moinsdur que prévu. De temps en temps, à voix haute, je me posais laquestion :
— Est-ceque tu es triste ?
Oubien, avec cette variante :
— Est-ceque tu es triste, connard ?
Maisje n'avais pas de réponse. Plus tard mon téléphone a sonné,c'était elle, je ne voulais pas lui parler, j'ai laissé sonner.Trente minutes ont passé. La télé rendait sans significationl'écoulement du temps. La clé a tourné dans la serrure.
— Tiens,elle a dit, tu as fait le ménage.
— Unpeu, j'ai répondu.
— Tuas bien fait. Ça sent bon. Tu as trouvé ma lettre ?
— Oui.
— J'aioublié de prendre des trucs, je suis désolée, je ne voulais pasdébarquer à l'improviste. Mais tu as fait le ménage. C'estmarrant.
— Tues chez toi.
— J'aitéléphoné avant, pour prévenir, tu n'as pas répondu.
— Tues chez toi.
J'aiattrapé la télécommande et baissé le son pendant qu'elle allaitdans la chambre. Je l'ai entendue farfouiller. Je me suis dit que jen'avais même pas cherché à savoir ce qu'elle avait pris la veille,ce qu'elle avait laissé, ou peut-être que je l'avais fait cettenuit mais que je ne m'en souvenais plus.
— Jene trouve plus mon écharpe, tu ne sais pas où elle est ?
J'airépondu non mais c'était inaudible, alors je me suis levé, j'aitraversé le salon et j'ai à nouveau répondu non. Ma voix n'avaitpas beaucoup de vigueur.
Ensuite,je ne sais pas trop comment ça c'est enchaîné, nous avons faitl'amour, et puis j'ai fait du café et elle a fini par descendreacheter du vin à l'épicerie, puis ça a été mon tour, et ainsi desuite. La journée s'est passée de cette manière, nous avonsdiscuté, la glace était rompue, c'était comme un premierrendez-vous mais pour la deuxième fois. J'ai pensé à Fitzgerald.
Aun moment j'ai voulu savoir où elle dormait. Elle m'a répondu àl'hôtel pour quelques jours et puis ensuite chez Sonia. Vers neufheures du soir, nous avions bien bu, elle m'a demandé de lareconduire et j'ai accepté et au bar de l'hôtel nous en avonscommandé un dernier, ça n'était pas mal, nous étions dans desfauteuils en cuir sous une lumière cosy, et nous avons refaitl'amour dans la chambre propre et impersonnelle. Avant de partir,pendant qu'elle prenait une douche, j'ai regardé un moment dehors.C'était bizarre d'observer depuis un point de vue totalement inéditcette rue que je connaissais par cœur, d'être un touriste dans mapropre ville. Quand elle est sortie de la douche elle sentait bonmais c'était l'odeur de l'hôtel, elle sentait bon d'une odeur queje ne lui connaissais pas. A ce moment-là, si j'avais prononcé lesbonnes phrases j'aurais pu rester avec elle, ou bien nous serionsrentrés ensemble, mais je n'avais plus de force, je n'ai rien dit àpart « je vais y aller ». Je lui ai promis qu'ons'appellerait bientôt, je lui ai promis de répondre si elle metéléphonait, et puis nous sommes restés sur le seuil comme unepaire d'idiots sans plus savoir quoi faire. Nous nous sommesfinalement roulés des pelles en nous serrant dans nos bras et deretour à la maison j'ai achevé tout seul la murge que nous avionscommencée ensemble.
Aumilieu de la nuit elle a appelé, aussi bourrée que moi. Nous avonsparlé jusqu'à ce que le soleil se lève, nous l'avons regardé selever, à un moment un avion a passé dans son ciel, devant safenêtre, nous avons compté jusqu'à huit et je l'ai vu aussi. Unefois dans mon lit j'ai trouvé que c'était gros comme une maison, lasuite de tout ça, mais quelques heures plus tard, au réveil, dansune lumière saine et dure de désert californien, ça n'était plusaussi évident.
Jel'ai imaginée s'étirer dans son lit et descendre boire un café encompagnie des touristes. Je me suis demandé quelle serait sa journée.
La place du mort semble bien démarrer. Outre des retours de lecture qui font bien plaisir, je vais avoir une chronique dans le numéro d'août d'Obsküre, probablement une chronique dans le numéro d'octobre de New Noise, et il y a d'autres trucs qui devraient arriver, mais tant que c'est pas confirmé je préfère éviter de me vanter (sauf auprès de mes copains, mais là c'est plus de la vantardise, c'est carrément du radotage).
"Je viens de finir La place du mort et c'est vraiment un regal, je suis vraiment passé de surprise en surprise. Des Tueurs-Nés sans media
Des Punks qui s'amusent et qui vibrent de leurs destructions
Une destruction qui appelle à un renouveau
Des superbes images (yeux fermés au bord de la route, s'allonger sur des rails) qui remuent et émeuvent
J'ai pas vraiment les mots, mais ca fait plaisir de sentir que des NOT DEAD talentueux existent encore."
(Reçu par message Facebook)
***
"Je viens de finir La Place du Mort, que j'ai descendu cul sec. J'ai beaucoup aimé, c'était chouette, un vrai trip. Et va te coucher après ça hein, parce qu'à part prendre une batte en alu et aligner les pequenots au feu rouge, non, je ne vois pas ! la scène de mariage flingué m'a bien plu et le dézinguage de téléphones aussi, deux en un, ça fait un bien fou. Et toujours ton don pour exprimer des ressentis intimes et pour éclairer les comportements humains différemment. C'est très romanesque, très emporté, et ça ne ressemble qu'à du Siébert, je ne vois pas avec qui je pourrais comparer. Sous les croûtes y'a une route, merci et bravo pour ce roman."
(Reçu par message Facebook)
***
"J'ai découvert ce roman grâce à Fabrice Colin (Bal de Givre à New-York, Blue Jay Way, ...), un auteur que j'apprécie énormément. Quand il met en avant un auteur ou un roman sur son blog, je fais confiance en son jugement et acquière le livre. Je n'ai jamais été déçu par ses conseils. Une fois de plus, je viens de me régaler avec "La Place du Mort, série Z existentielle" de Christophe Siébert.
Ames sensibles, s'abstenir! Ici, on ne fait pas dans la dentelle. Une fille paumée rencontre un gars paumé. Ils veulent refaire le monde, pour eux, nous sommes tous des morts vivants. La meilleure façon de refaire le monde, c'est de le détruire, de se détruire mais pas sans gloire, sans plaisir. La mort est le grâle, l'orgasme ultime, originel! Cette histoire est un grand coup d'accélérateur, ne freine jamais, monte et monte encore en puissance, jusqu'à la fin, un bouquet final digne des meilleurs feux de Bengale. Tant par le rythme de l'histoire que par l'écriture.
C'est le monde à l'envers. On fini par aimer les personnages, décalés, amoraux, sans scrupule, hédonistes, qui trouvent leur plaisir dans tout ce que notre société nous a appris à haïr. La répulsion devient séduction. Tout est bon pour arriver à leurs fins. Sexe, drogues, tortures, vols, meurtres, vandalismes. Le bonheur est là, dans le déni de la structure codifiée de notre société.
Peut-on comparer? Je pourrais croire que l'auteur a plongé dans un chaudron "J'Irais Cracher Sur Vos Tombe" de Vian, "Baise Moi" de Despentes, "37,2" de Djian et une pellicule de "A Bout De Souffle" de Godard, a tout fusionné en y ajoutant les piments les plus forts, créant une histoire à vous "cramer" de la première à la dernière ligne, du premier au dernier mot! Ici, on vit dans la tête de l'héroïne, dans son corps, dans sa vie.
C'est ma première rencontre avec cet auteur. Sa plume m'a séduit, son style, le rythme, l'histoire. On est dans le roman noir de chez noir. Cela semble impossible de plonger plus profond dans les abîmes. Ce livre vous aspire, vous entraîne dans sa folle équipée. Vraiment, plus qu'un bon moment de lecture. J'en suis devenu impatient de lire les autres titres de Christophe Siébert."
(Lu sur Babélio - source :
http://www.babelio.com/livres/Siebert-LA-PLACE-DU-MORT-Une-serie-Z-existentielle/623384)***
"bon, j'ai lu ton bouquin hier et j'ai que trois mots à dire nihil nihil nihil"
(Reçu par message Facebook)
***
"Je me suis lancé il y a quelque jours dans la lecture de tes livres en commençant par Poésie portable que j'ai enchaîné dans la foulée avec La place du mort.
Explosif! Incandescent!
J'en reviens à ce que t'avais déjà dis sur la poésie : l'instant ! Unique ! Celui qui est immortalisé par les sentiments et dans les yeux d'une personne qui essaie de le traduire.
J'ai trouvé de nombreuses corrélations entre les deux ouvrages ; tout d'abord, avec le poème numéro 10 de Poésie portable, sur la réflectologie des miroirs (oui, c'est un néologisme que j'avais déjà employé dans un de mes textes ou je disait plus précisément " réflectologue" en parlant des miroirs, mais j'aime bien ce mot), dont on retrouve l'idée dans le prologue de La place de mort. Idem pour la mort de Jean-Louis (poème numéro 31) que l'ont retrouve dans les souvenirs de Blandine. Il y a aussi l'idée de la fuite. Pas la fuite par lâcheté mais par nécessité.
D'autre part, j'ai trouvé l'écriture, dès le début du récit, très cinématographique. Je veux dire qu'on à l'impression d'être dans la voiture avec eux. Ensuite la montée de la MD, la route qui cavale dans l'abstraction de la réalité, qui se dérobe sous l'effet de la caméra narrative, l'effet de la substance, du sentiment ! Du moment ! Quelque chose d'instantané.
J'avais l'impression de visionner un traveling tout en restant à leurs côtés.
Ensuite ça s'évapore légèrement lorsque l'on rentre dans l'individualité des personnages. Mais c'est comme ça que je lis un livre ; visuellement. D'ailleurs c'est comme ça que j'écris, car si tu ne peux pas voir la perspective, tu est très restreint et ça obstrue le champ de vision.
Après, la psychologie des personnages. On sent un besoin de révolte. Mais quelque chose d'inné ; comme de primitif. Ce que les événements subis par les protagonistes ont façonné.
L'envie de démolir pour refonder ! Mais malgré tout, je pense que l'on à besoin du passé pour fabriquer le présent.
Et de le démolir à nouveau (le présent).
Je pense à des choses que j'avais déjà écrites, et lisant des trucs bien plus tard, comme Bukowski, Ferré, Lautréamont, Céline, Artaud, tu te dis : mais tous ces fumiers l'on déjà écrit ! Et certainement mieux que moi ! Mais il faut que en parler quand même !
Bref ! Les trois derniers chapitres ; Dans l'église notamment, l'inceste au préalable, dans le musée au final... Que te dire ? Tu exploses les codes et les reformules avec une idéologie nouvelle ! Peut-être pas la bonne d'un point de vue moral ou éthique. Mais on emmerde la morale et l'éthique ! Du très grand et de l'explosif nihilisme ! Avec une morale anarchiste. Si l'anarchisme existe encore...
"L'ordre ! C'est le désordre, moins le pouvoir", disait Ferré.
Bref ! Putain de livre ! Merde!
Je suis défoncé!
Vivent la vodka et la littérature..."
(Reçu par mail)
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"Je crois que lire d'une traite ce bouquin m'a légèrement perturbée"
(Reçu par mail)
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"Je viens de terminer "La place du mort". Quelques mots sur ma réception...
C'est un fabuleux bouquin, peut-être le meilleur que j'ai pu lire de toi à ce jour. J'y vois en tout cas une sorte de complément direct à "Holocauste" qui m'avait déjà pas mal impressionné à l'époque. La densité narrative y atteint une puissance inouïe, comme un moteur dont on appuierait en permanence sur l'accélérateur. Les derniers chapitres en dégagent une sorte d'énergie en roue libre, incontrôlable. C'est un peu le genre de récit qu'un lecteur normal est obligé d'interrompre de temps à autre, juste histoire de reprendre son souffle. C'est très, mais alors très puissant...
D'une manière générale, la narration au présent et à la première personne est d'une maîtrise absolue. Chaque phrase est comme une respiration. Les scènes pornographiques semblent littéralement haleter, gémir, transpirer jusque dans le rythme, le style. C'est ultra physique. L'influence de Bret E. Elis est très présente (obsession du détail, de ce moment où la perception devient hallucinatoire...) mais est dépassée sur ce terrain-là. Elis, à mon avis, s'est depuis longtemps perdu dans sa propre imagerie glamour là où tu as plutôt opté pour l'exact opposé. En ce sens, tu proposes une oeuvre vraiment unique, à la fois dans le fond et dans la forme.
Contrairement à ce que prétend Ravalec, je ne trouve pas que tu te mettes "au service de la noirceur du monde". Au contraire, il y a dans tout le livre une soif de désir primal, un appétit primitif, insatiable qui habite tous les personnages en permanence. Ça me fait penser à la phrase de Dantec, qui disait : "Survivre, c'est le contraire de sous-vivre". Ce qui est nouveau, c'est qu'on y trouve une authentique histoire d'amour, avec sa part d'enfance, d'absolu, de futile et d’éphémère. Ce qui me touche le plus, c'est cette idée que l'amour n'est ni un "projet de vie", ni un capital, ni une possession, ni même une relation à autrui mais qu'il est juste une flamme sans raison ni but, au-delà même du sexe, de la vie où de la mort. L'amour est ce qui détruit tout. A ma manière, c'est aussi ce que j'essaie de transmettre dans mes textes. En tout cas, ça m'a profondément ému.
Le final au musée du Prado renvoie à l'apocalypse de ton roman précédent, avec l'idée que la fin du monde, c'est la fin de l'art. Dans le genre tabou brisé, ça fait très fort. Voilà une scène hautement satanique et blasphématoire en diable, qui profane le sacré de manière radicale. Là encore, ça me renvoie à une phrase de Nick Cave qui disait à propos du premier concert des Birthday Party : "Nous ne voulions pas choquer, nous voulions faire mal..."
Un truc sur la fin. Arrivé à l'épilogue, je me suis fait la réflexion qu'il y a toujours ce côté post-mortem qui habite tous les bouquins et les films qui ont vraiment compté pour moi. J'ai toujours pensé que le but de toute création est, symboliquement, de nous faire franchir le dernier cap, de nous donner une petite mort comme un avant-goût de la grande. "Enter the void" de Gaspar Noé est entièrement basé sur ce concept. De ce point de vue, ton dernier paragraphe est absolument magnifique. "
(Reçu par mail)
***
"Ayant déjà lu et adoré « Nuit noire » mes attentes envers ce nouveau roman de Christophe Siebert étaient conséquentes, et c’est sans souci qu’elles ont été comblées.
Sordide du début à la fin, ce roman nous raconte la vie de débauche et l’errance d’une jeune femme lucide, désespérée et misanthrope n’ayant plus rien à perdre. À travers une narration très personnelle, Blandine (notre personnage principal) nous expose sa sombre vision du monde avec une souffrance lacérante. Elle nous raconte sa vie, son passé, son présent, et ne mise que peu sur le futur.
D’emblée, les dialogues crus laisseront apparaître l’aspect féministe de se livre nous rappelant quelque peu l’histoire de « Baise moi ». L’aspect traditionnel de la femme est brisé et sa bestialité naturelle reprend le dessus tandis que le dégoût des hommes se prononce à travers leurs faibles pulsions libidinales.
Voici les grandes lignes qui introduiront les grands aspects de ce roman.
Mais concentrons-nous tout d’abord sur le style d’écriture bien particulier consistant, comme le dit Christophe lui-même, à extraire tout « style » et à ne garder que la justesse. Il nous épargnera donc les formulations romantiques, les fins de phrases esthétiques, pour ne laisser que le poids des mots touchant irréversiblement le point névralgique. Malgré des formulations ou des « et » parfois redondants, la fluidité du récit s’amène progressivement d’elle même.
C’est ainsi que nous serons emportés dans la spirale infernale de Blandine qui au gré de ses pérégrinations rencontrera, aimera, détestera, et s’auto-détruira.
« La place du mort » est un roman écrit à vif qui saigne son lecteur, pourtant c’est un roman à la fois dur et à la fois libérateur. Il dégage quelque chose de puissant mais permet au lecteur de s’identifier aux aspects libres et fous de nos protagonistes.
On peut aussi dire que c’est aussi un roman qui ne manque pas d’idée (cf : les cambriolages bien pensées) ni de contenu (cf : Viol homosexuel, torture sur les parties génitales, inceste, fusillade).
Pour conclure, nous avons ici une oeuvre sombre, percutante et viscérale qui nous ramène aux sentiments les plus violents et les plus essentiels de la littérature noire."
(Lu sur le site de Tinam Sadique, source :
http://www.sadique-master.com/reviews/la-place-du-mort-2014-christophe-siebert-critique/)En ce qui me concerne, j'ai vendu tous mes exemplaires. Je suis toujours autant dans la merde alors qu'avec le bénéfice je ne devrais pas, mais c'est parce que je suis un con et un mauvais comptable, ou bien que je m'en fous du fric, ou alors que la pauvreté est une espèce de tare, j'en sais rien. Bref, ça n'est plus la peine de me le commander, il ne m'en reste plus que quelques-uns et ils sont déjà réservés, si vous voulez le lire il va falloir faire comme d'habitude, le commander à l'éditeur (http://www.camionnoir.com/) ou bien harceler votre libraire, et si vous vous sentez une âme de mécène, filez-moi deux ou trois mille euros, j'en ferais bon usage, et pour cette somme je vous écrirai un roman inédit, c'est évidemment une annonce très sérieuse.
J'ai donc écoulé environ 70 exemplaires de La place du mort en un peu plus de deux mois, merci beaucoup à tous ceux qui l'ont acheté et merci aussi à ceux qui m'ont écrit pour me donner leur avis, l'écrivain est un abruti solitaire, les marques d'amour lui réchauffent le cœur.
J'avais fait une sorte de bande-annonce pour vous allécher, bon, maintenant c'est un peu tard, évidemment, mais comme elle est en ligne sur Youtube, autant vous la montrer :
https://www.youtube.com/watch?v=AZ5qXu-YGRE.Et jusqu'à nouvel ordre, la tournée que j'ai fait pour présenter ce livre, tournée de lectures calquée sur ce que font mes copains musiciens, c'était la dernière. J'ai pris bien du plaisir à pour la troisième ou quatrième fois bouffer de la route (enfin, du rail, mais c'est pareil), à être pendant trois semaines dans une ville différente chaque soir, dans le speed, crasseux, repartir tôt le lendemain et rebelote, c'était super mais je sens poindre la routine et je n'en veux plus. Par ailleurs, je commence à avoir trop de bouquins à défendre (Porcherie que je vais peut-être réimprimer, on verra, Poésie portable, La place du mort, Nuit noire qui ressort dans deux mois sous une nouvelle bannière, un nouveau recueil chez Gros Textes début 2016, etc.) pour rester sur le principe 40 mn. de scène / des extraits d'un seul livre. J'ai donc décidé de faire autre chose, et cette chose s'appelle Rituel Drone. J'ai accompli hier, tout seul dans la chambre, le Rituel Drone numéro 1, ça fonctionnait pas mal ; le Rituel Drone numéro 2, et le premier en public, aura lieu à Bourg-en-Bresse dans un hôpital psychiatrique, je vous raconterai ça. Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus et/ou m'inviter à venir jouer, j'ai rédigé une petite fiche informative, vous pouvez la lire mais c'est légèrement pompeux, je vous préviens – c'est ma façon d'avoir l'air professionnel.
Christophe Siébert est un écrivain français né en 1974. En 1998, il fonde le collectif konsstrukt. Il est publié à partir de 2007 par La Musardine, Gros Textes, le Camion Noir, etc. Il participe également à divers fanzines et revues (Chimères, Banzaï, Squeeze, Freak Wave, Revue Métèque, etc.) et en crée lui-même (notamment L'Angoisse). Il a reçu en 2007 le prix Art-Psy pour son premier roman "J'ai Peur" et il a été sélectionné en 2012 et en 2014 pour le prix de Sade (respectivement pour "Nuit Noire" et "La place du mort"). Depuis de nombreuses années, il présente sur scène ses parutions, sous forme de lectures musicales plus ou moins performées.
Les romans et la poésie de Christophe Siébert sont empreints de réalisme critique, de violence, de gore, d'horreur sociale, de pornographie, de description naturaliste du quotidien, de métaphysique de comptoir, de féminisme et de postmarxisme. Son style évolue entre une écriture blanche inspirée par les fondateurs du roman noir américain (Hammet, Goodis, etc.), et un lyrisme inspiré par les écrivains français de la génération précédant la sienne (Despentes et Ravalec essentiellement). Selon ses propres termes, son travail relève d'un genre bâtard qu'il nomme : série Z existentielle.
"La densité narrative y atteint une puissance inouïe, comme un moteur dont on appuierait en permanence sur l'accélérateur. Les derniers chapitres en dégagent une sorte d'énergie en roue libre, incontrôlable. C'est un peu le genre de récit qu'un lecteur normal est obligé d'interrompre de temps à autre, juste histoire de reprendre son souffle. C'est très, mais alors très puissant..."
"Je crois que lire d'une traite ce bouquin m'a légèrement perturbée"
(Avis de lecteurs)
Son nouveau projet scénique s'intitule "Rituel Drone". Il consiste à jouer de la musique drone (mélange de parties jouées en direct et de sons préparés) pendant une durée variant de 25 à 120 minutes, cette durée étant décidée à l'avance par Christophe Siébert et par l'organisation. En même temps qu'il jouera cette pièce drone, il lira divers extraits de ses livres, prose et poésie, le tout étant assemblé et monté pour former un ensemble thématiquement cohérent. Cette lecture, soutenue par un jeu de lumière aggressif et oppressant à base de stroboscopes, aura pour but de créer une atmosphère à la fois immersive et de malaise, quelque chose entre le bad trip, le rêve et le fil intime de la pensée qui, selon l'auteur, représente les meilleures conditions possibles pour accéder, si elle existe, à une vérité du texte.
Pour mieux connaître le travail de Christophe Siébert, vous pouvez vous rendre sur son site. Vous y trouverez entr'autres des textes inédits, une bibliographie et des extraits vidéo de ses lectures :
http://konsstrukt.wix.com/christophe-siebertFICHE TECHNIQUE :
Une table de 1m. de large, et assez haute pour pouvoir jouer debout.
Un ampli qui encaisse bien les basses et ne déforme pas trop la voix.
Un espace où C. Siébert pourra disposer des exemplaires de ses ouvrages.
Autant d'obscurité que possible.
Facultativement, quelqu'un qui filme le show.
Installation / balances : 10 minutes.
Durée du show : variable de 25 à 120 minutes, à définir à l'avance.
Désintallation : 10 minutes.
FICHE ECONOMIQUE
Cachet/défraiement : 50 euros + participation aux éventuels bénéfices de la soirée.
Sur place : un repas avant ou après le show.
Un endroit ou dormir.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Pas d'extrait de roman, ils n'ont pas avancé. A dans quinze jours !
Christophe Siébert.