Messages : 1864 Date d'inscription : 08/07/2010 Age : 35 Localisation : Pen-Ar-Bed
Sujet: The Downward Spiral - Nine Inch Nails Dim 18 Juil 2010 - 18:49
The Downward Spiral - Nine Inch Nails
"The Downward Spiral"...rien qu'avec ce titre, on à déjà des certitudes sur l'état de Reznor à la sortie de ce disque.
Après le succès de "Pretty Hate Machine" (800.000 copies vendues) et "Broken" (Top 10 au Billboard américain), Reznor avait semble-t-il tout pour être heureux et se complaire à nous servir des perles électro-pop et des morceaux rageurs. Mais les sons qui trôtent dans la tête du géniteur de Nine Inch Nails, ne sont pas en accord avec les envies de Steve Gottlieb (directeur de la maison de disque de NIN, TVT), qui veut faire de Trent sa poule aux œufs d'or. Avec "Broken" et la fureur sonore qui s'en dégageait Reznor avait bien fait comprendre qu'il était le seul à décidé des orientations de Nine Inch Nails. Mais Trent est miné par son bras de fer juridique avec TVT. C'est Jimmy Lovine qui va permettre à Reznor de s'exprimer librement. En effet avant la sortie de Broken, Interscope rachète une partie du contrat liant Nine Inch Nails à TVT.
Voilà donc dans quel contexte sera conçu "The Downward Spiral".
Avec ce titre on sent que Reznor continu l'introspection entamé sur "Pretty Hate Machine", mais on ne se rend pas encore compte à quel point cela va aller loin. Maintenant vous êtes prêt à vous laisser prendre par se disque sans âge et dénué de tous les codes établies...
Le disque démarre sur des coups de massue qui nous pousse à se laisser emmener dans cette spirale descendante. "Je suis la voix dans ta tête et je te contrôle", voilà comment Reznor ouvre le bal. Rythmique indus et guitares grésillantes sont aux programmes de ce "Mr. Self Destruct" qui nous rappelle la violence non contenu de "Broken", mais qui offre une passge avec un chant murmuré et quelques légères notes de synthé. Comme si Reznor reprenait conscience avant de se faire rattraper par son double "je". Ave "Piggy", Reznor annonce sereinement aux "pigs" (médias), "Rien ne peut plus m'arrêter maintenant, je me fous de tout". Se côté serein soutenu par une batterie simpliste et une ligne de basse dépouillée, s'effrite au fur et à mesure du morceau, le rythme est de plus en plus déstructuré, les sons se superposent et le tout fini par s'écrouler. "Heresy" nous fait bien comprendre que Reznor ne peut plus s'accrocher à rien même pas la religion qui est aussi accusée de ses maux. Il déverse sa haine sur fond de rythmique indus martial et voix inquiétante façon "Gave Up" sur le couplet, avant de lâcher sa colère sur le refrain, "Ton dieu est mort et tout le monde s'en fout". S'en suis une autre attaque aux médias, avec "March Of The Pigs", clairement plus violente que "Piggy". Son de batterie délibérément crade, quelques vrombissements électroniques et c'est l'explosion. Guitare chauffée à blanc et un Reznor qui hurle. Ici il constate d'un air désabusé que les médias décide de son image, et veulent le faire passer pour débile géniale ou un génie débile. Avec "Closer", Reznor est dans le même esprit que "Heresy". Le morceau aux relents dance-floor, se veut plus inquiétant qu'il n'y paraît avec une voix vicieuse et des paroles à faire pâlir plus d'un puritains. Les deux morceaux suivants sont sans doutes les plus complexes de l'album. "Ruiner" nous emmène dans tout les sens. Rythmique techno voix triturée de Reznor, nappes de synthés glaciales, délires bruitistes et long solo de guitare totalement déstructuré pour finir. Ici Reznor chante "Tu ne peux pas me blesser, rien ne peut me blesser, tu ne peux pas , rien ne peut m'arrêter maintenant". La chute vers l'autodestruction semble inévitable. S'en suis "The Becoming", qui pour moi est, le morceau le plus étrange de l'album. Aucune mélodie, rien que des sons métalliques et des gémissements effrayants. Reznor semble savoir que c'est la musique qui mène à sa perte, "J'ai battu ma machine, c'est une partie de moi, c'est à l'intérieur de moi, je suis coincé dans ce rêve, c'est train me changer, je suis en train de me transformer". Sur "I Do Not Want This", on comprend qu'on ne peut rien faire pour Reznor, qui est le seul maître de sa folie personnelle et artistique, "Ne me dis pas ce que je ressens, tu n'as aucune idée de ce que je ressens" hurle-t-il. Il crache ces paroles sur une rythmique déstructuré soutenue par une légère nappe de notes de piano, avant que les guitares furibardes ne prennent le dessus. Ensuite, vient "Big Man With A Gun", où Reznor délaisse l'introspection pour régler ses comptes avec la communauté rap sur fond de second degré, "je suis un homme fort et j'ai un gros flingue, j'ai une grosse queue qui en a beaucoup vu et j'aime prendre mon pied, collé sur ton front je vais tela faire sucer". Après toute cette colère, l'instrumentale "A Warm Place" arrive à temps pour laisser un sursis à Reznor. Mais il entame la dernière ligne droite avec " Eraser". Sur fond de rythmique implacable et guitare thrash, il dresse en quelque sorte ce qu'il déteste dans son rôle de rock star, et demande d'en finir, " Je te baise, je me sers de toi, je te marque, je te brise, quitte-moi, déteste-moi, fracasse-moi, efface-moi, tue-moi". "Reptile" et sa rythmique pachydermique, nous entraîne vers la chute finale. On sens que Reznor n'aime pas ce qu'il est devenu "Je suis si Impur". La fin paraît inévitable, "Je sais maintenant que les profondeurs que j'atteins sont sans limites". Arrive le morceau-titre de l'album, "The Downward Spiral" où juste une discrète guitare sèche accompagne les mots du condamné, "Il ne savait pas que ce serait aussi facile, il a mis l'arme dans sa bouche...Bang! Tant de sang pour un si petit trou". S'en suit les gémissements de Reznor pour finir ce titre. Avec "Hurt pour clôturer l'album, on comprend qu'il ne s'est pas auto détruit, mais qu'il s'est blessé. Reznor signe ici le morceau le plus sincère et le plus touchant de sa carrière. "Je me suis blessé aujourd'hui, pour voir si je suis encore capable de ressentir, je me concentre sur la douleur, la seule chose qui soit encore réelle". Le morceau se termine par une note d'espoir, "Si je pouvais tout recommencer, à des millions de kilomètres, je trouverai le moyen de me protéger".
La question est de savoir s'il va réussir à se relever.
Trent Reznor signe avec "The Downward Spiral" l'album introspectif ultime, qui restera intact avec le temps.
J'espère que cette chronique vous a donner envie de découvrir ou redécouvrir ce chef d'œuvre.