The Fatals Picard's - Coming Out (2011)

Sortie: 14 mai 2011
Genres joués: Rock alternatif, Chanson française, Pop-Punk, Electro.
Label: Warner Music France

Coming Out est déjà le 6ème album de la discographie des joyeux parisiens que sont Les Fatals Picards, les autres albums regroupant des chansons humoristiques aux influences tantôt rock, tantôt reggae, tantôt punk (mais plus intelligent que Les Wampas en général). On se souvient en 2007 de leur passage à l'Eurovision où ils se sont fait écraser malgré l'excellente chanson qu'était "L'Amour à la Française" qui figure sur leur très bon 4ème album Pamplemousse Mécanique. Mais peu après, l'un des leaders du groupe, Ivan Callot quitte le groupe. Le groupe tente un album sans lui en 2009 avec Le Sens de la Gravité: quelques morceaux sont à sauver mais cet album auquel il manque le fondateur du groupe paraît bien fade, je ne l'ai pour ma part écouté qu'une seule fois, et je n'ai pas envie de réessayer.
C'est donc avec une certaine méfiance que je mets cet album dans mon lecteur, que j'avais tout de même voulu acheter, en tant que fan du groupe, et puis je les avais vu en concert pas longtemps avant, concert pendant lequel j'ai passé un très bon moment.

La pochette de l'album, représentant les membres du groupe d'une façon assez "gay" si je puis me permettre, va de pair avec le titre de l'album ainsi qu'avec la première chanson, l'éponyme "Coming Out". Cette chanson, basée sur une musique commune mais rythmiquement et mélodiquement issue du rock alternatif, nous conte l'histoire d'un jeune homme qui doit annoncer son homosexualité à ses parents. On n'est pas mort de rire du début jusqu'à la fin, mais certaines phrases font sourire (le clip aussi d'ailleurs). Le refrain est accrocheur, bien que très simpliste, mais quand on est habitué aux Fatals Picards, cette simplicité n'a rien de choquant. On aime ou on aime pas, pour ma part je n'ai rien à reprocher à ce premier titre, si ce n'est un poil plus d'imagination dans les paroles.

Vous reconnaîtrez peut-être sur "Dans Mon Verre", un clin d'oeil musicalement aux groupes de punk mélodique/pop-punk à la Ramones en plus moderne. D'ailleurs je me demande si les mélodies et une bonne partie des riffs ne sont pas une réadaptation (pour ne pas dire plagiat volontaire) d'un titre des Ramones, ce que je ne pourrais pas vous confirmer étant donné que je ne connais que très peu le groupe britannique. La chanson parle de l'utilisation de psychotropes et vacille donc entre humour et sujet sérieux.

"Noir(s)" est une chanson pour les quarantenaires, ce que sont Les Fatals Picards. Elle est plus précisément dédiée à ceux qui, dans les années 1980 ou 1990 se la jouaient keupons ou rebelles et se sont ensuite bien rangés dans la société (classe moyenne, allocs toussa toussa). Ce n'est point une critique méchante et sans pitié, mais plutôt un hommage à moitié moqueur...
Le groupe cite dans la chanson Bérurier Noir, Ludwig Von 88, Les Wampas, Les Garçons Bouchers, groupes qu'ils ont sans doute beaucoup écouté!
Musicalement, pas mal de riffs au rock festif français actuel sont présents accompagné d'une trompette, le tout m'a beaucoup fait penser à La Ruda. On peut entendre dans la chanson des hommages, des bouts reprises de chansons connues du rock et punk français, à savoir "Salut à toi" de Bérurier Noir, "Comme Elle Vient" de Noir Désir et "Mala Vida" de La Mano Negra.

Le rythme se calme d'un coup avec "Le Retour A La Terre", clin d'oeil aux hippies actuels qui veulent s'installer en pleine rase campagne. Morceau qui a un refrain avec une jolie mélodie, mais peu de choses sont à dire, car ce titre est très anecdotique.

"Hasta XXL" est un morceau beaucoup plus rock évoquant la marchandisation capitaliste des produits "Che Guevara". Ils critiquent humoristiquement toute la gamme de produits infinie dédiée au révolutionnaire défunt. Musicalement, le morceau est très sympa, bien rock et on a même droit à un pont aux riffs pas loin du metal (non extrême, faut pas pousser non plus), ce qui n'est pas pour me déplaire.

Voici arriver un morceau excellent, bien que tout calme, à savoir "1983". Si Les Fatals Picards ont fait une chanson se moquant de Bernard Lavilliers sur Pamplemousse Mécanique en 2006, c'est au tour de Yannick Noah de faire l'objet de taquineries gentilles mais tout de même bien placées. La musique en elle-même se rapproche plus d'un reggae à la Tryo qu'à la carrière musicale de l'ex-tennisman.

"Miss France" est un morceau très ennuyeux. Non pas que les paroles soient dénuées d'intérêt, mais les lire sur la pochette suffirait amplement. Car le groupe joue une musique gentille, pas inécoutable, mais on en a marre dès la fin du premier couplet. Un sérieux manque d'imagination et de créativité pour la musique de ce morceau.

Le reste de l'album est très anecdotique également, bien que pas mauvais. Si "Poupée gonflée", morceau rock et énergique, critique les jeunes filles remplies de silicone, "Premier de la glace", chanson aux paroles les plus débiles de l'album, nous conte l'histoire d'un glaçon, et la musique se rapproche du pop-punk. "Tonton" (il ne s'agit pas de François Mitterand apparemment) est une ballade qui rend hommage à une personne décédée dans les premiers couplets, pour finir sur un dernier couplet expliquant (d'une manière plus poétique que moi évidemment) que c'était finalement un connard.
"Par ici la monnaie" se met dans la peau d'un capitaliste dans la course aux profits. Paroles intéressantes, mais musique sans aucun intérêt.

On arrive à présent aux deux derniers morceaux de l'album, beaucoup plus intéressants et me réveillant d'un certain ennui que je commençais à ressentir à partir du 7ème morceau.
"La France du Petit Nicolas" se veut une chanson très sérieuse et engagée que l'on pourrait qualifier de pro-immigrés. En effet, le groupe fustige ici (sans vraiment de trace d'humour) la situation actuelle de la France, pays dans lequel même avec des papiers, les immigrés ou fils d'immigrés subissent le jugement au faciès et ne peuvent s'intégrer. Si le refrain est plutôt rock, les couplets sont rythmiquement et mélodiquement parlant un clin d'oeil au groupe Zebda.

L'album se termine avec "Moonboots", morceau selon moi clin d'oeil à Philippe Katerine (Une musique electro/disco + des paroles humoristiques), ce dernier étant même cité à la fin du morceau. Morceau surprenant, car électronique, mais bien festif et rigolo tout de même.

Au final, on termine l'écoute d'un album bien meilleur que son prédécesseur, Le Sens de la Gravité, de part ses meilleurs textes et ses meilleures mélodies ainsi qu'à sa diversité de styles, tantôt rock, tantôt chanson française, tantôt pop-punk, ...

Cependant, le temps d'Ivan Callot est révolu, et on ne peut que le regretter, car beaucoup de défauts présents sur cet album ne seraient selon moi pas présents si le fondateur du groupe était resté au sein des Fatals Picards.

Tout d'abord, pour les fans de Bérurier Noir, voici un petit hommage sympa, c'est un bonus: