D'électron libre isolé, Sigur Ros est passé au rang de phénomène magnétique. Thom Yorke ne s'y est pas trompé quand, en 2000, il invite la formation islandaise à assurer les premières parties de la tournée de Radiohead.
Douceur et plénitude émanent de cet album et s'infiltrent dans tous les pores de celui qui y pose une oreille. Pas vraiment pop, ni trip-hop, ni complètement ambient rock, et pourtant tout ça à la fois. Sigur Ros combine avec poésie, des nappes aériennes de claviers, arrangements raffinés, guitares célestes, voix vaporeuses, laissant toujours la même impression irréelle de rêve éveillé ou de proche basculement dans les bras de Morphé. On écoute encore et encore, découvrant à chaque fois une de ces innombrables détails qui émaillent Takk que l'on savoure d'un trait. La musique de Sigur Ros, comme suspendue dans les airs ou flottant sur un long fleuve tranquille, finit par nous absorber, méditatif et sans voix, la tête dans les étoiles.